Vanaheim. Joli et paisible royaume où la paix perpétuelle régnait. Il était agréable à tout le monde, ce royaume, sauf à elle. Erika avait été assignée pendant quelques jours à la protection du royaume, et elle s’ennuyait ferme. Où étaient les combats ? Où étaient les festivités ? Elle soupire en sortant du palais de Frey et Freyja. Si Vanaheim était un royaume ennuyeux à ses yeux, Erika gardait surtout un mauvais souvenir de la fois précédente où elle y avait été en compagnie de Svanhild : sa dispute avec le protecteur de Vanaheim l’avait profondément agacée, et ne lui avait aucunement donné l’envie de retourner sur cette terre. Cet Alhek faisait preuve d’une vanité qui surpassait presque la sienne.
Enfin, une taverne où se désaltérer ! Elle ne désirait pas festoyer toute la nuit, mais elle savait qu’une, ou bien deux, chope d’hydromel lui ferait le plus grand bien. Erika ouvre brusquement la porte, et se diriger vers le comptoir pour exiger une chope d’hydromel sans même poser un seul regard sur les clients qui peuplaient la joyeuse et bruyante échoppe. Elle n’aimait pas être à Vanaheim. Le royaume était trop paisible comparé à Asgard où une agitation perpétuelle régnait, surtout en ces jours ci.
Elle dépose une pièce sur le comptoir, et prends sa chope avant de s’y adosser en soupirant. Elle boit une gorgée de ce nectar qu’elle apprécie tant, et son regard se pose sur une scène plutôt inhabituelle, scène qu’elle ne voit même pas à Midgard. Des femmes, à moitié nues, tentant, avec succès, d’aguicher un homme à la chevelure aussi blonde, si ce n’est plus, que la sienne. Et elle ne sait si elle doit s’indigner, ou s’en amuser. Mais en reconnaissant le dieu des serments et fils de Frey déculotté, elle ne peut s’empêcher d’éclater de rire. Il avait beau être un dieu, sa conduite était pour le plus indécente. Pourtant, elle s’arrête vite de rire : la blessure que lui avait infligé le dieu des batailles quelques jours plus tôt à la pommette droite lui fait encore horriblement mal … Erika s’approche doucement d’Alhek, et de son charmant petit groupe d’amies.

« Dieu des serments. »

Erika lui adresse une courte et profonde révérence, un sourire moqueur peint sur les lèvres. Elle l’avait déjà rencontré, et cela s’était, évidemment, mal passé. Le Vane pensait que ce royaume lui appartenait, et l’avait sèchement réprimandé sur son attitude légèrement vaniteuse et dédaigneuse. Alors, malgré son joli visage aux traits fins, presque féminins, et qui inspirait la sympathie, il n’en provoquait aucune chez elle.

« Je pense que vous vous souvenez de moi. Mais je crois que lorsque nous nous sommes rencontrés, vous étiez vêtu beaucoup plus convenablement, et en moins charmante compagnie. »

Et elle se plaisait à s’adresser à lui avec une fausse déférence qu’elle savait agaçante. Sans même faire attention à la petite bande d’Alhek, elle s’assoit sur leur table, renversant au passage chopes d’hydromel, jetons et cartes, et boit une longue gorgée de sa boisson, léchant, comme à son habitude, ses lèvres pour qu’aucune goûte de ce doucereux breuvage ne puisse s’échapper.

« Protecteur de Vanaheim, mais tu ne connais même pas le respect. Crois-tu que le spectacle de ton derrière nu plaît à d’autres personnes qu’à tes grognasses ? »

Erika les désigne d’un signe de tête méprisant, et lance un regard désapprobateur à Alhek. Dieu ou pas dieu, protecteur ou non, son attitude était irrespectueuse, et Erika se ferait un plaisir à fermement le corriger. Cela égayera peut-être son séjour à Vanaheim.

Les charmantes amies d’Alhek l’insultent de tous les noms alors qu’elle prend ses aises et s’asseoit sur leur table, interrompant leur partie et renversant au passage chopes, cartes, jetons, mais elle n’en a rien à faire : elle n’a aucun temps à accorder à ses grognasses. Non, Erika préférait s’en prendre à Alhek. Elle savait que leur dispute serait interminable et plaisante : ils étaient tellement similaires, qu’Erika ne pouvait ressentir que de l’agacement en sa présence.
Alhek trempe ses lèvres dans sa chope d’hydromel, et Erika l’imite, ne le quittant nullement du regard alors qu’il entreprend de demander à la taverne entière si sa tenue est dérangeant. Quel idiot, évidemment que personne ne dirait que cette tenue était irrespectueuse au protecteur de Vanaheim ! Le silence se fait, et Erika laisse échapper un léger rire ironique : ce genre de scénette n’aurait certainement pas eu lieu à Asgard. Elle pose sa choppe sur la table, et Alhek se tourne vers, un air assuré sur le visage pour finalement déclarer qu’elle n’était qu’une pucelle. Sans plus attendre, les grognasses de son interlocuteur s’esclaffent de rire, et Erika se tourne vers elles, un air dédaigneux peint sur le visage.

« Il n’y a aucune honte à être pucelle, comme il n’y a aucune fierté à écarter ses cuisses devant chaque homme qui passe. »

Erika leur adresse un sourire hautain, alors que les femelles qu’elle juge indignes de sa présence font silence : c’était d’ailleurs bien mieux comme ça, elles n’étaient bonne qu’à faire tapisserie.
Elle reporte son attention sur Alhek, et lui offre un éclatant et, surtout, hypocrite sourire. S’il pensait que c’était de cette manière qu’il l’humilierait et qu’elle s’en irait bredouille grâce à sa répartie digne d’un gamin de cinq années, le dieu des serments s’enfonçait bien loin le doigt dans l’œil. Et elle savait que lui non plus, égocentrique et vaniteux comme il l’était, ne se replierait pas non plus dans ses retranchements : bien, elle avait toute la nuit, et ne serait pas contre un petit combat pour se remettre d’aplomb, malgré sa pommette tuméfiée .
Et quand le dieu des serments suggère qu’elle aurait un certain penchant pour les femmes, elle ne peut s’empêcher d’éclater de rire, ignorant la douleur procurée par les stigmates de son combat avec les dieux des batailles. Les amies dénudées d’Alhek, s’arrête d’ailleurs de glousser, intriguées par les éclats de rire d’Erika, qui devrait se sentir insultée. Les femmes ; Alhek aurait plutôt dû être nommé le dieu de l’humour, tant le sien était foudroyant. S’il savait le nombre d’homme qui se pressaient à ses pieds, et le désir honteux qu’elle ressentait parfois pour certains d’entre eux, ces paroles ne seraient même pas sorties de son antre buccale.

« Tu es vraiment hilarant, dieu des serments ! Ce n’est pas parce que je suis valkyrie et que je côtoie quotidiennement les femmes que cela veut dire que je suis attirée par elles. »

Erika s’arrête doucement de rire, et s'empare de sa chope pour la terminer en une gorgée. Elle vivait quotidiennement avec des femmes, elle n’avait aucune honte à les voir ainsi. Elle avait d’ailleurs déjà vu des hommes nus, après les batailles, alors que le camp vainqueur dépouillait les cadavres de leurs armures, et de leurs objets de valeur. Non, ce n’était pas tellement de voir Alhek ou ses compagnes ainsi qui la dérangeait : elle ne cherchait en vérité qu’un prétexte pour pouvoir venir l’agacer avec son air dédaigneux et ses paroles ironiques.
Elle pose sa chope sur la table, et approche son visage de celui d’Alhek, plongeant son regard bleu roi dans le sien, glacé, un sourire suffisant aux lèvres.

« Tu serais surpris de voir la manière dont j’ensorcelle les hommes. »

Spoiler:

NOUS SOMMES LES MÊMES, ET POURTANT NOUS SOMMES DIFFÉRENTS

PV Erika

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Les conquêtes de Alhek étaient consternées par la réponse de la Valkyrie assise à leur table, Mektild en tête. La guerrière était venue d'elle même sans qu'on l'invite, interrompant une partie de cartes et renversant leurs chopes, et en plus de cela, elle se permettait de les insulter. Les péripatéticiennes comptaient sans doute sur le protecteur de Vanaheim pour les défendre et la remettre à sa place, mais la réponse du dieu à la chevelure blonde ne fut pas aussi cinglante : (b]N'insultes pas ces charmantes dames de Vanaheim. Surtout lorsqu'elles sont chez elles... Elles sont désirables et elles en profitent. Il n'y a aucun mal à cela., tout comme il n'y a aucun mal à être pucelle. Ce n'était pas un reproche que je te faisais là, mais une simple constatation.[/b] Sa voix était posée. Il savait que le ton pouvait rapidement monter lorsqu'il se trouvait en compagnie de cette femme vaniteuse et hautaine, et il préférait que ce moment arrive le plus tard possible, sans quoi leur discussion dégénérerait bien trop vite en dispute. Erika n'attendait que ça : qu'il s'énerve. Entre eux, c'était comme un jeu : le premier à énerver l'autre gagnait. Et pour le moment, la jolie blonde s'attaquait surtout à ses dames de bonne compagnie. Il les défendait, mais elles n'étaient pas aussi importante qu'une épouse, par exemple. Si bien que cela le laissait presque insensible.

Le dieu des serments approcha ses lèvres de l'oreille de la jeune femme rousse afin de lui glisser un rapide « Laisses-nous s'il te plaît » avant qu'elles en viennent à se crêper le chignon avec la Valkyrie. Mektild quitta la table avec les deux autres jeunes femmes, alors que Alhek leur adressa un regard et un sourire qui leur fit comprendre qu'il s'occuperait d'elles un peu plus tard... En attendant, il passerait la soirée avec la jolie blonde qui lui ressemblait tant sur bien des points. Le fils de Frey but une nouvelle gorgée, et souriait après la remarque de la guerrière. Elle avait raison, et Alhek ne disait pas que le contraire. Mais le dieu des serments était intrigué. Erika avait ce petit caractère qui pouvait agacer bien des gens, et Alhek en faisait parfois partie. Elle avait le don pour l'énerver, même si ce soir-là, il essayait de contrôler ses nerfs pour discuter un peu avec elle avant que cela ne bascule en conflit. Mais elle était aussi une femme d'une grande beauté, qui plus est courageuse. D'une grande beauté, oui. Et Alhek put le constater en voyant son visage de plus près et ses yeux bleus plongés dans les siens, lorsqu'elle approcha son visage à quelques centimètres du sien. Des traits parfaits, un regard imperturbable qui le faisait souvent craquer, sans oublier sa chevelure blonde qui descendait sur son corps, grand et fort. Le fils de Frey souriait une nouvelle fois. Loin d'être ironique, celui-ci était sincère. Pas que les hommes. Le dieu des serments n'était pas insensible aux charmes de la Valkyrie, loin de là. Et il venait de lui faire comprendre. Mais il savait que c'était perdu d'avance, ce pourquoi il ne lui faisait pas vraiment la coure. Il la complimentait, simplement, comme il aimait le faire lorsqu'il croisait une telle femme. C'était aussi une manière de détendre l'atmosphère électrique qui s'était installée depuis son arrivée. Je ne comprends pas ce qu'une aussi jolie femme comme toi peut bien faire chez les Valkyries. Je me demande ce que vous trouvez toutes à Odin pour lui rester fidèle au point de ne pas avoir le droit de construire une vie de famille, d'avoir un mari, des enfants... Alhek finit sa chope à son tour, avant de s'appuyer sur le dossier de sa chaise et de croiser les bras face à son interlocutrice. La possibilité de vous battre comme des hommes, peut-être ? Vous pourriez vous battre pour des causes justes tout en gardant votre liberté... Non ? Le fils de Frey leva les sourcils. Il n'attendait aucune réponse immédiate de la Valkyrie, et enchaîna aussitôt : Odin bafoue tous nos droits, tous vos droits pour son intérêt personnel. Vous vous battez pour lui rapporter des mortels qui deviendront par la suite des membres de sa garde personnelle, vous donneriez votre vie s'il le fallait pour lui et que vous donne-t-il en échange ? Sincèrement, tu mérites mieux que ce que tu as.

Leur discussion de la dernière fois reprenait et il savait qu'ils risqueraient à nouveau de se disputer. Mais Alhek était certain qu'elle méritait mieux que ce que Odin lui offrait, et il n'hésitait pas à lui dire.

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