Le port était un endroit magnifique pour arriver parmi les mortels. Cela faisait quelques temps que la déesse de la musique n’était pas venue sur Midgard. Avec le récent couronnement du nouveau roi d’Asgard, Thor, ces derniers temps avaient été assez mouvementés. Mais ce n’était pas pour déplaire à Ida, celle-ci s’était bien amusée, avait pu de nouveau jouer à la cour et avait fait de nombreuses rencontres.

Néanmoins, le pays des mortels lui manquait et elle avait décidé de retrouver son amie Saga sur Midgard afin de trouver un peu d’inspiration nouvelle pour les histoires que les deux déesses voulaient raconter, chacune à leur manière. Ida prenait par ailleurs beaucoup de plaisir à écouter la fille d’Odin conter les mythes les plus fabuleux de l’Arbre monde.

Même si elle aimait beaucoup l’espièglerie de ses frères Hermod et Bragi, elle appréciait d’autant plus l’atmosphère apaisante qu’apportait Saga à ce tumulte caractéristiques des fils d’Odin. Saga avait ce pouvoir de réconforter et d’apaiser les âmes, et Ida en avait parfois bien besoin, elle qui était aussi phénoménale qu’un tourbillon de trémolos lorsque l’envie lui en prenait.

D’ailleurs, Ida changeait très souvent de couleur de cheveux lorsqu’elle allait sur Midgard mais cette fois-ci, elle avait décidé de reprendre son identité mortelle. Elle était une jeune adulte avec une âme d’enfant qui se plaisait à sautiller un peu partout avec son violon. Les mortels la trouvaient parfois étrange mais personne n’avait réussi à découvrir son vrai secret.

La déesse avait enfin trouvé Saga, qui semblait l’attendre avec la plus grande des patiences. Ida n’était vraiment pas la déesse de la ponctualité. La déesse des contes était toujours égale à elle-même, possédant cette beauté qui attirait les regards. Ida s’avança vers elle, avec son éternel sourire aux lèvres.

« Bien le bonjour, ma chère ! », s’exclama Ida tandis qu’elle approchait. « Navrée pour mon retard, je suis incorrigible. Comment allez-vous ? »

Ida se demandait souvent comment Saga faisait pour avoir une telle patience, qualité qui lui faisait atrocement défaut. Le port était encore peu fréquenté, il était très tôt et le soleil venait à peine de se lever. Il était préférable que les deux déesses ne soient pas vues ainsi, deux femmes dans un port à cette heure si peu conventionnelle allaient finir par paraître louches.

« Je suggère que nous allions vers les villages, il ne s’agirait pas de déjà éveiller les soupçons. Les hommes peuvent décidément être très suspicieux ! », suggéra Ida avant de commencer à marcher. « Vos dernières histoires m’ont inspirées pour écrire ma musique, il me tarde de voir ce que les humains en pensent. S’ils ont envie d’y penser aujourd’hui, bien sûr ! »

Saga était une source d’inspiration intarissable pour Ida. Lorsque celle-ci manquait d’idées, ou qu’elle cherchait une meilleure façon de raconter un événement en musique, elle puisait dans les mots et les contes de Saga. Les mots sont également très puissants dans la musique. La douceur, la vitesse, la majesté, tous ces mots qui pouvaient qualifier une musique. Il arrivait parfois que cela fonctionne en sens inverse bien sûr, et cela enchantait d’autant plus Ida.