La guerre entre les Ases et les Vanes prit fin, il y a de cela 3000 ans. 500 ans plus tard, malgré les conflits du passé, cela n'empêcha pas à un compétent Einhejar du nom de Roggi Alwinson de devenir amoureux de la plus belle des dames à ses yeux, une Vane du nom de Inga Eivinddòttir, une jolie rousse qui faisait tourner toute les têtes, mais qui possédait également un esprit hors du commun. En effet, la jeune Vane, en plus de sa beauté flamboyante possédant un esprit affuté et son intelligence l'empêcha longuement d'accepter les avances de ce pauvre Roggi tout penaud qu'il était.

L'Ase n'abandonna jamais sa quête pour conquérir le cœur de l'intrépide déesse et après plusieurs mois à lui tourner autour et à essuyer plusieurs râteau, elle lui permit de rencontrer sa famille, celle-ci étant cruellement méfiante face à l'intérêt que lui portait cet étrange Einhejar qui ne s'avouait jamais vaincu. Au bout d'une longue fréquentation, Inga accepta finalement la demande en mariage de Roggi et rejoignit celui-ci, au grand dam de ses parents, à Asgard où ils débutaient ensemble une vie de nouveaux mariés. De leur union naquit plusieurs enfants. Signi, la précieuse, suivit de très près par les triplés Vilkas, le brave; Asgeir, le futé ; Terkel, les pieds agiles ainsi que Osvald, le téméraire. En dernier arriva une dernière fille du nom de Bothilde, la flamboyante grâce à ses cheveux d'un rouge éclatant comme sa mère.

Alors que la paix entre Asgard et le Vanaheim perdurait, Inga éleva ses précieux enfants à leur demeure d'Asgard avec tout l'amour maternel dont elle était capable et le soutient de son bel et courageux époux. S'il il en avait pu être autrement, elle aurait souhaité que ces enfants puissent rester en bas âge et ne grandissent jamais suffisamment pour affronter le monde et sa réalité.


Signi, depuis sa naissance, avait toujours été une enfant calme et sage. La jeune fille ne causait jamais de soucis à ses parents et préférait s'amuser en silence et s'occuper de ses plus jeunes frères lorsque ceux virent le jour. Peut-être était-ce son statu de grande sœur qui l'obligea très tôt à démonter une maturité à toute épreuve et un sens des responsabilités digne d'un dieu vieux d'un millénaire. La dernier enfant à s'être joint à leur famille fut sa petite sœur, Bothilde, qui avait visiblement hérité grandement des traits de leur mère.

Signi n'était pas une beauté remarquable, contrairement à sa petite sœur qui, déjà très jeune, faisait tourner les têtes sur son passage. La précieuse n'était pas laide, loin de là, mais elle n'éblouissait pas les regards masculins comme l'avait fait sa mère et le faisait maintenant sa plus jeune sœur. Les filles de Roggi étaient réputées pour être différentes. L'une était calme et sereine derrière son visage fade et on disait qu'elle possédait l'esprit et les manières de sa mère, tandis que l'autre, impulsive et joueuse, possédait la beauté de cette dernière et son charme divin. Cela et la différence d'âge n'empêcha cependant point Signi d'être proche de Bothilde malgré leurs personnalités pouvant apporter querelles.

Les années passèrent et Signi se découvrit certains talents pour la magie, impressionnant la maisonnée et attisant l'attention de sa mère connue pour être une enchanteresse runique particulièrement douée. Fière de son aînée, elle envoya aussitôt celle-ci poursuivre son apprentissage magique en tant que dame de la cour auprès de la reine Frigga, connue pour être la plus grande magicienne du royaume. Ses dons, en fournissant d'amples efforts, se développaient normalement et Signi se découvrit un étrange intérêt pour les enchantements comme sa mère avant elle. Toutefois, il vint le jour où Bothilde atteignit une certaine maturité au niveau de sa propre magie et après en avoir longuement fait la requête à ses parents, Inga envoya également sa plus jeune auprès de Frigga afin d'étudier l'art de la magie.

-Mère, Bothilde est une enfant gâtée, elle ne met point d'effort dans ses tâches et ses travaux et préfère se faire courtiser par les membres de la garde royale demeurant au Palais d'Or ainsi que de distraire les autres apprenties de Sa Majesté, la reine, déclara un jour Signi dont le comportement de la flamboyante lui déplaisait grandement. Rapatriez cette sœur que j'aime tant à la maison. Je crains qu'elle ne s'attire que des ennemis à la cour royale et je doute que sa vanité passera inaperçue auprès de la famille royale si elle continue ainsi.

Sa mère posa sa main sur son épaule, contrariée par le discours de son aînée et les ragots qui circulaient concernant sa cadette. Il est vrai que Bothilde ne mettait pas la magie dans sa liste de priorités et préférait se distraire et s'amuser dans les rues de la cité. Toutefois, la cour n'en était pas moins un environnement que la rousse appréciait ouvertement et elle se pavanait sans gêne. Depuis sa naissance, son père gâtait cette enfant, lui offrant tout ce qu'elle désirait en dépit des protestations discrètes de leur mère et aux dépends de ses enfants plus vieux. Heureusement qu'il y avait Signi dans les environs pour calmer les tensions fraternelles et adoucir particulièrement les frustrations entre Osvald et Bothilde qui ne manquaient pas un moment pour se lancer des piques.



L'Immortalité manquait à l'appel et c'est dans la crainte que Asgard tomba soudainement. La famille de Roggi s'inquiétait davantage pour la vie des plus âgés d'entre eux, c'est-à-dire les deux parents qui les avaient élevés. Les effets ne parurent pas immédiatement, ils vinrent, lentement, sournoisement, forçant un jour la figure paternelle, pourtant toujours active, à s'asseoir et reprendre son souffle. Entre temps, Dame Inga commença à recevoir d'horribles nouvelles concernant les siens qui vivaient toujours dans le Vanaheim. En effet, les terres des Vanes devenaient les cibles des Elfes Sombres ainsi que d'autre ennemis auxquels il était douloureux de penser.

-Tu connais la rumeur? confia Vilkas, le premier des triplés, le brave fils de Roggi, à sa sœur aînée lors d'une soirée. On chuchote que Loki serait responsable de tout cela. Ces terribles mots firent frissonner l'apprentie magicienne, personne n'osant accuser ouvertement l'un des princes de la famille royale.

-N'insinue point de mal au sujet d'un prince, mon frère, le sermonna calmement la précieuse Signi, choquée d'entendre de telles paroles de la part de son frère, celui qui devait être un exemple pour les autres. Il n'existe aucune preuve à ce jour pour dévoiler pareille chose. Laisse les balivernes là d'où elles viennent et sert loyalement ton royaume, la vérité arrivera à qui sait attendre.

Les évènements devenant de plus en plus inquiétants, il fut accepté sans broncher que Roggi et ses fils, Vilkas, Asgeir et Terkel rejoindraient les troupes du prince Tyr afin de partir à la recherche d'Idunn, l'Immortalité disparue. Inga, Signi, Osvald et Bothilde restaient derrière, espérant tous le retour sain et sauf des hommes de la famille qui partaient guerroyer dans le lointain, au-delà du Bifrost. Après le départ des hommes, Signi n'eut d'autre choix que de prendre la maisonnée en charge, sa mère étant trop faible et portant un chagrin trop grand pour reprendre ses devoirs de maîtresse de maison. Cette situation causa quelques frustrations chez Bothilde qui ne comprenait pas la raison pourquoi une telle responsabilité tombait sur les épaules de sa grande sœur et refusait d'admettre que toute les têtes se tournaient dans sa direction, même sa mère semblait diriger toute ses attentions vers la plus vieille. Facilement jalouse et impulsive, la plus jeune des filles de Roggi était prête à sortir ses griffes à tout instant.

Bothilde fut, étrangement, la première qui devina que quelque chose clochait et lorsqu'elle vit l'ombre d'un Jötun au détour d'un couloir dans le Palais d'Or, elle fuit immédiatement, ne prenant pas la peine de prévenir les gens qui déambulaient toujours sur les lieux et encore moins sa sœur qu'elle laissa cruellement derrière après avoir sellé la porte de la pièce où elle complétait quelques travaux magiques.


Alors que les Jötuns semaient la pagaille sur leur chemin, Signi s'échappait du Palais d'Or, emboîtant le pas de son petit frère Osvald qui était venu lui porter secours lorsqu'il avait reçu Bothilde à la maison, seule. Une fois sur la route menant au domaine familial, Signi, ordonnée par son frère, dû le laisser dernière alors qu'ils tombaient dans une embûche mener par ces terribles créatures à la peau pâle. La jeune magicienne déguerpit aussi rapidement que le lui avait ordonné son frère et rentra à la maison où l'attendait une mère inquiète ainsi qu'une sœur qui lui jeta une bien drôle d'expression à son retour précipité.

Ce jour-là, Inga Eivinddòttir retrouva deux filles, mais un fils trépassa, laissant les femmes de Roggi débuter un deuil douloureux pour ensuite apprendre au retour des triplés que le père avait aussi trouvé glorieusement la mort sur les champs de bataille.



La mère des enfants de Roggi s'est plongée dans un profond mutisme dans lequel elle n'est point sortie depuis les funérailles de son époux et du plus jeune de ses fils, Osvald le téméraire. Grâce à ce dernier, sa fille aînée avait pu fuir les combats sans encombres et revenir à la maison se réfugier ainsi quelques voisins que la dame Eivinddòttir avait invité à la hâte pour venir se cacher derrière ses écrans magiques. Même si le plus dur semblait être passé, la cité d'Asgard demeurait toujours brisée par les terribles évènements et les nouvelles manquantes provenant du Vanaheim étaient inquiétantes. À croire que tout ceux que la jolie mère avait connu avaient tous trépassés.

-Mère! s'écria Terkel qui pénétra le salon à toute vitesse. Le Vanaheim et Alfheim se révoltent!

La Vane leva les yeux au ciel, l'expression lasse, les doigts crispés sur sa jupe. Elle connaissait bien l'impact des multiples attaques sur les terres de son enfance, elle n'était pas nécessairement surprise de voir les siens prendre les armes contre Asgard, mais elle aurait espérer que les deux peuples puissent demeurer en paix l'un avec l'autre.

Des éclats débutèrent entre les frères, certains étaient en colère contre ceux qu'ils considéraient leur cousins. Pendant la dispute, Signi restait de marbre, plongée dans de bien sombres pensées. Elle regrettait la mort de son frère Osvald dont elle était certaine qu'elle aurait pu prévenir. Ils auraient pu trouver une solution tout les deux, se dissimuler dans l'ombre, penser à un sortilège suffisamment puissant pour les masquer aux yeux de leurs ennemis, mais hélas. La douleur de cette perte injuste la rongeait de l'intérieur et sa soeur Bothilde ne manquait pas de jeter quelques commentaires désagréables ici et là pour lui remémorer cet horrible évènement et à quel point elle était responsable.

-Les Vanes sont des traîtres, nous les extermineront tous! déclara subitement Terkel, attisant aussitôt le courroux de dame Inga qui s'emporta immédiatement contre ces fils, ayant assez entendu de leurs bêtises. Signi, quant à elle, en profita pour prendre la parole.

-Mes frères, vos paroles sont blessantes, n'oubliez pas qui vous êtes, n'oubliez pas d'où provient votre chair et votre sang, nous sommes fils et filles d'Asgard et du Vanaheim, leur rappella-t-elle sous un ton neutre, il est inutile d'en vouloir à ceux qui se sentent trahis, car ils ont de bien bonnes raisons d'être lasses des évènements passés, commenta Signi sous un ton doucereux. Il faut pardonner à ceux qui nous offensent, car peut-être sont-ils les premiers offensés dans cette histoire.

Ses mots jetaient un étrange froid dans le salon où ses frères la dévisageaient en silence. Sa mère hocha patiemment la tête et Bothilde semblait bouillonner sur place. Elle n'avait jamais été en bons termes avec Osvald par le passé, mais cela était bien commun entre un frère et une sœur aussi jeune. Le trépas d'Osvald n'en était pas moins douloureux pour la rousse qui s'évertuait à mettre ouvertement le blâme sur son aînée. Sa colère s'agrandit lorsque sa mère commença à la remettre à sa place, ainsi que ses grands frères également. Un large faussée se creusa entre les deux filles de Roggi. Peu de temps après l'annoncement de la traîtrise du Vanaheim et d'Alfheim, Bothilde, dans sa colère et sa jalousie envers son aînée manifesta finalement sa rage.

-Tu te crois si importante depuis que père n'est plus! s'écria-t-elle, profondément blessée depuis que celui qui la gâtait tant depuis sa naissance n'était plus parmi eux. Notre famille tombe et c'est de ta faute!

Installée dans un siège confortable, Signi releva les yeux de son travail d'aiguille, une activité qui occupait facilement son esprit tourmenté et lui permettait d'atteindre une certaine sérénité, un état d'esprit bien difficile à atteindre en ces temps troublés. La nuit précédente, ses frères avaient annoncer que le prince Loki n'était plus enchaîné dans son cachot. Cet évènement les avaient rendu bien amer.

-Plus tôt, tes mots m'auraient fait mal, ma sœur, lança Signi qui jeta une expression immensément triste vers sa cadette. Mon frère a trépassé, certes, mais je comprend aujourd'hui que ce n'est point de ma faute. Mes faiblesses ne sont point la cause du décès d'Osvald, son destin était tracé et il est mort pour nous tous, dans la gloire et sur le champ de bataille. Je me suis pardonnée, ma sœur, mais toi, peux-tu le faire?

-Que dis-tu? s'enquit férocement la rousse qui se sentait attaqué sous n'importe quel commentaire qui n'allait pas en sa faveur.

-Je ne dis rien, Bothilde, toutefois, si je n'aurais pas été enfermée dans la salle dans laquelle les dames et moi-même pratiquions toujours nos sorts, peut-être aurais-je pu fuir plus tôt, peut-être que Osvald ne serait jamais venu me porter secours, peut-être serait-il encore là aujourd'hui. Qui suis-je pour discuter de tant de possibilités? Ce qui est fait est fait, père et Osvald ne sont plus parmi nous, mais la rancune est un poison sournois et ne je perdrais pas mon bonheur pour ce qui aurait pu être et ne sera pas.

-M'accuses-tu de quelque chose, Signi?

-Toi seule peut le savoir, Bothilde, mais sache que tu fais partie de ma famille et que j'aime tout mes frères et sœurs également. J'espère qu'avec le temps, tu sauras pardonner les offenses qui te mettent dans de si basses souffrances.

Sur ce, l'aînée se courba devant sa petit sœur et quitta la pièce, la tête haute et le cœur léger. Il était une chose de penser à un si délicat sujet, il en était un autre que de se prononcer à voix haute. Une paix intérieure régnait en elle, forte était celle qui réussissait à se pardonner elle-même ses fautes et à oublier ses regrets. Colères, rancunes et querelles n'étaient que des entraves à la bonne humeur et au bonheur.



Trop, c'était trop. Signi s'était attirée les foudres de Bothilde qui concocta dans l'ombre d'une nuit sa vengeance. La grande sœur pouvait bien s'attirer la sympathie et le respect de tous, hors de question qu'elle s'attire l'intérêt de l'homme qu'elle convoitait depuis longtemps. Malgré les temps sombres et les frustrations qui circulaient parmi les Ases concernant les mensonges et la position du roi, Signi revint à cour pour assister direction aux tensions et se faire sa propre idée de la situation, ignorant qu'elle jetait de l'huile sur le feu crépitant à l'intérieur de sa jeune sœur.

Dans la pénombre d'une fraîche soirée, Bothilde Roggidottir retrouva Signi dans sa chambre, armée d'un étrange contenant de poterie duquel se dégageait une étrange odeur de brûlé. Le mauvais tour était supposé être inoffensif, sans douleur, un petit sort qui la rendrait invisible aux yeux de ce qu'elle convoitait. Le problème avec la magie de Bothilde, c'est qu'elle avant en tendance à ne pas en mettre assez ou trop en mettre. Cette fois-ci, elle était allée trop loin et elle s'en rendit bien compte qu'elle jeta les cendres magiques sur le visage de grand sœur et que sa chair se mit à fumer intensément. Les cris agonisants de Signi ricochèrent sur les murs. Elle avait l'impression qu'on lui arrachait les yeux avec des griffes, que l'on faisait couler l'acide sur son visage.

Puis vint les ténèbres et la douleur cessa. Terrifiée à l'idée d'avoir tuer son aînée, Bothilde s'enfuit où elle fut aussitôt surprise par sa mère qui venait s'enquérir de ce qui se passait. Une fois la scène apparaissant sous ses yeux, Inga toisa sa plus jeune et remarqua le pot qui dégageait une forte énergie magique. N'écoutant que son cœur de mère, Inga se précipita sur la première de ses enfants pour lui venir en aide. L'air emplissait toujours ses poumons, mais sa respiration était saccadée, ses mains recouvraient son visage endolori et lorsque que la Vane osa mouvoir les frêles paumes qui recouvraient son joli faciès, elle ne découvrit que d'atroces brûlures et une horrible odeur de chair brûlée.

Elle avait voulu jalousement la rendre invisible aux yeux de tous, mais contrairement à son souhait, elle rendit plutôt le monde invisible aux yeux de Signi qui en fut défigurée et privée de sa vision. La déesse aveugle resta clouée au lit pendant trois jours et trois nuits, torturée par une profonde colère, des regrets et une tristesse lancinante. Sa pauvre sœur était enfermée dans sa chambre, prisonnière du courroux de sa mère qui n'attendait qu'une réponse de Signi pour punir sa dernière convenablement. La jalousie de la cadette était allée trop loin. Si loin que même le pardon d'une mère tardait à venir. Le fait était que Signi ne désirait pas en vouloir à sa jeune soeur, Bothilde était jeune et naïve ainsi qu'arrogante et impulsive, mais peut-être que cette situation pouvait lui servir de leçon?

Au cours d'une journée bien froide, Signi ordonna à ses frères de mener Bothilde jusqu'à elle, dans le petit salon. Elle se sentait prête à faire son jugement. Sa mère se tenait patiemment à ses côtés et dévisagea froidement la flamboyante lorsqu'elle fut plantée sur un siège face aux deux femmes. Même si elle ne voyait plus rien, Signi leva le menton, offrant son visage brûlé à la vue de tous. Bothilde détourna son attention, mais Vilkas l'obligea à regarder les conséquences de ces actes cruels. Calme et digne, Signi débuta par demander des explications à sa jeune sœur, ces actions étant peu dignes d'elle.

-Je voulais simplement te remettre à ta place, mais je ne savais pas que ce sortilège irait si loin, expliqua Bothilde, feignant à peine un brin de regret dans sa voix. Tu prends l'autorité de la maison depuis que père n'est plus et tout n'est qu'à propos de toi, toujours toi! Même celui que j'aime n'en avait plus que pour toi! C'est injuste, tellement injuste!

Signi sentit sa mère remuer et posa une main hésitante sur son genou, lui implorant le silence. Elle s'occuperait elle-même du cas de sa vilaine sœur. Visiblement, elle n'allait pas demander un quelconque pardon, elle croyait être en son droit de lui faire un tel mal. Ce qui aurait dû être une expression de dégoût envers la rousse devint plutôt un sourire nostalgique emplit d'une douceur propre à Signi.

-Chère sœur, tu ne sais même pas ce que c'est que d'aimer autrui, déclara franchement l'aînée, les paupières fermées. Tu sais à peine comment t'aimer toi-même, mais moi, je t'aime de tout mon coeur et tu es allé jusqu'à croire que je t'aurais retirer de force ce que tu convoitais pour toi-même? Quand ai-je simplement désirée te retirer ce que t'appartenais ou aurais pu t'appartenir? Depuis ta naissance, tu as toujours accaparée l'attention de tous, de père tout particulièrement et alors que je désirais tant l'amour paternel sur mes épaules, je n'ai rien fait. Je n'ai jamais rien fait pour aller à l'encontre de ton bonheur, je souhaitais nous voir vivre en paix l'une avec l'autre.

La flamboyante rousse demeura muette, mais ses yeux étaient larmoyants.

-Je n'ai pas envie que tes actions me pervertissent et rendent ma vie misérable, en ce sens, je refuse de conserver rancune et ressentiment envers toi, déclara sombrement Signi qui se sentait davantage soulagée au fur et à mesure que ses paroles sortaient. Pardonne moi de t'avoir porté préjudice par ma piètre existence.

La jeune femme soupira.

-Je crois qu'il faut savoir pardonner à ceux qui nous ont fait du mal par le passé, mais ainsi que de se pardonner soi-même pour les avoir laisser faire, ainsi soit en paix, ma soeur, car je n'ai aucune envie de vengeance à ton égard.

Des protestations fusèrent de la part de ses frères. Ceux trois-là étaient toujours prompt à jeter leurs opinions sans faire le tour de la question de manière réfléchie, mais Signi avait déjà bien penser à la situation. Elle avait eu de longues heures plongé dans le noir pour le faire.

-Je ne le fais pas pour Bothilde, je le fais avant tout pour moi-même afin d'aller mieux et aller de l'avant, ma colère et un désir de vengeance ne changeront jamais ce qui a été fait. Je pardonne aujourd'hui, mais mon cœur n'oubliera jamais tes actions passés, ma sœur.

Sur ce, elle se leva et demanda à Vilkas de la raccompagner jusqu'à sa chambre, prétextant qu'elle était fatiguée et qu'elle devait encore panser ses blessures. Elle laissa une mère triste, mais fière dans son sillage ainsi qu'une sœur et deux frères complètement incrédules. La miséricorde était une action difficile à comprendre pour les siens, mais étrangement, son cœur était plus léger. Dans le couloir, son frère s'adressa à elle.

-Pourquoi, Signi? s'enquit-il, sa voix frôlant la colère. Notre sœur mériterait d'être jeté à la rue. Ça lui apprendrait à vivre correctement, en plus de se débrouiller toute seule.

-Quelle genre de famille jette l'une des leurs hors de la maison, Vilkas? lui demanda en retour la jeune femme. La rancune et la vengeance ne mèneront cette famille à rien d'autre qu'à la destruction. Je pardonne Bothilde aujourd'hui, comme je l'ai fait tant de fois auparavant, mais je ne pourrai le faire à nouveau pour les mêmes erreurs. C'est à elle de reprendre sa vie en main.

-Et c'est moi que Père appelait le brave, commenta le premier de ses frères. Tu es bien courageuse d'être si prompt au pardon, Signi.

-Fort est celui qui élimine son ennemi à la pointe d'une épée, puissant est celui qui arrive à lui pardonner. Souviens toi de mes paroles, Vilkas, car elles te serviront peut-être dans un futur plus près que tu ne le penses.



Et il n'oublia pas ses paroles, loin de là. Quelques jours plus tard, Vilkas se rendit à la cour royale, pendant le repos de sa grande sœur afin de quémander une audience auprès roi et fit la requête de voir sa sœur titrée comme étant la personnification du pardon et de la miséricorde pour son tempérament doucereux et prompt à pardonner à ceux qui commettaient des fautes. De un, car elle le méritait, de deux, car il pensait que si elle se faisait remarquer d'une quelconque façon par la famille royale, cela mettrait un peu de gaieté dans sa vie.

Très jolie fiche, bien écrite et complète, je valide donc !

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